Couplet 1
Dans la cour de Louis, les courtisans bien fardés,
Sous leurs beaux habits, leurs cœurs sont bien vidés.
Flatteries, ambitions, tout ça pour un sourire,
Mais derrière les masques, y a de quoi en rire.

Couplet 2
Et voilà Gnathon, l’égoïste sans pareil,
Toujours à son profit, il écrase sans merveille.
Adraste, le pieux, n’est qu’un faux dévot,
La vertu c’est pour les autres, lui ne voit que son lot.

Refrain
Oh, Les Caractères, miroir de nos défauts,
La Bruyère les révèle, avec ses mots si beaux.
Hypocrisie, vanité, on se reconnaît parfois,
Mais rire de nous-mêmes, c’est déjà un pas.

Couplet 3
Arrias sait tout, ou du moins il le prétend,
Il coupe chaque mot, se croit bien plus savant.
Mais le voilà bien seul, perdu dans ses discours,
Le sage sait écouter, Arrias n’a pas ce tour.

Couplet 4
Ménalque, distrait, oublie tout sur son chemin,
Il trébuche, il erre, jamais il n’aura faim.
Sa maladresse amuse, mais souvent il exaspère,
Un exemple pour nous tous : un peu plus de lumière.

Couplet 5
Cléon, le parvenu, imite les grands du roi,
Avec ses airs pompeux, il rêve d’être à la cour.
Mais son ambition nue dévoile ses faux pas,
Il trahit ses racines, et son âme vaut moins qu’un sou.

Pont
Et nous que ferions-nous ?
Sommes-nous sincères, ou jouons-nous des coups ?
La Bruyère nous observe, du passé jusqu’au présent,
Ses mots résonnent fort, et résonnent dans le temps.

Refrain
Oh, Les Caractères, miroir de nos défauts,
La Bruyère les révèle, avec ses mots si beaux.
Hypocrisie, vanité, on se reconnaît parfois,
Mais rire de nous-mêmes, c’est déjà un pas.

Finale (citations)
« Il n’y a guère au monde un plus bel excès que celui de la gratitude. »
« Tout notre mal vient de ne pouvoir être seuls. »
« Nous nous plaignons de la brièveté de la vie, et nous en faisons un tel usage qu’elle nous paraît trop longue. »

1. Synthèse des caractéristiques de Les Caractères (Jean de La Bruyère, 1688)

Contexte historique et auteur

  • Auteur : Jean de La Bruyère (1645-1696), moraliste du XVIIe siècle, membre de l’Académie française.
  • Contexte : La Bruyère écrit dans la société française de Louis XIV, marquée par un ordre social rigide (clergé, noblesse, tiers état). Il y observe les travers humains, influencé par les idées classiques et la philosophie stoïcienne.
  • Héritage : Inspiré par Les Caractères de Théophraste (philosophe grec du IVe siècle avant J.-C.), tout en ajoutant une critique de la société de son temps.

Genre et style

  • Genre : Recueil de maximes, portraits et réflexions (littérature d’idées).
  • Style :
    • Écriture concise et incisive.
    • Usage de l’ironie, de l’humour, et des images frappantes.
    • Diversité des formes : portraits, anecdotes, maximes, réflexions générales.

Mouvement littéraire

  • Classicisme : Idéal de clarté, d’ordre, de mesure et d’imitation des anciens.
  • Moraliste : L’objectif de La Bruyère est de révéler les vices et faiblesses de l’homme pour encourager la vertu.

Thèmes principaux

  1. Critique des mœurs : Hypocrisie, avarice, orgueil, oisiveté, ambition, flatterie.
  2. Observation sociale : Contrastes entre les différents ordres sociaux, critique des abus des grands et des inégalités.
  3. Condition humaine : La faiblesse de l’homme face au temps, à la mort et à lui-même.

Structure de l’œuvre

  • Divisée en 16 chapitres (De la cour, Des femmes, Des grands, Du cœur, etc.).
  • Chaque chapitre aborde un thème spécifique, avec des maximes ou des portraits illustrant les travers humains.

Place dans la littérature

  • Les Caractères appartient à la tradition de la littérature d’idées française (avec Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld).
  • La Bruyère se distingue par son regard acéré sur son époque, offrant un témoignage précieux des mentalités sous Louis XIV.

2. Résumé de l’œuvre

Les Caractères n’a pas d’intrigue linéaire, mais voici son essence :
Jean de La Bruyère dresse un tableau des travers humains en se basant sur ses observations de la société de son temps. Il analyse les comportements individuels et collectifs avec humour et acuité, dénonçant l’hypocrisie, la vanité, et les abus des puissants.

Par exemple :

  • Dans De la cour, il critique les courtisans obséquieux et l’artifice des relations.
  • Dans Des femmes, il décrit les excès de coquetterie ou d’autorité.
  • Dans Des riches, il montre l’avidité et l’aveuglement causé par l’argent.

La Bruyère mêle portraits intemporels (des caractères universels) à des allusions plus spécifiques à son époque, soulignant le lien entre nature humaine et organisation sociale.


3. Fiches sur les « personnages » principaux

Contrairement à un roman, les personnages de Les Caractères sont des « types humains ». Voici quelques exemples mémorables :

Arrias

  • Identité : Un homme pédant qui prétend tout savoir.
  • Position : Exemple de la vanité intellectuelle.
  • Faits notoires : Arrias interrompt sans cesse les autres pour exposer sa science, mais il est souvent ridicule.

Gnathon

  • Identité : L’égoïste par excellence.
  • Position : Il incarne l’avidité et le manque d’empathie.
  • Faits notoires : Gnathon ne pense qu’à son plaisir, quitte à écraser les autres pour le satisfaire.

Ménalque

  • Identité : Un homme distrait et maladroit.
  • Position : Symbole des absurdités quotidiennes des individus étourdis.
  • Faits notoires : Ménalque est moqué pour ses erreurs répétées et son incapacité à s’adapter.

Cléon

  • Identité : Un parvenu qui cherche à imiter les grands.
  • Position : Exemple de l’ambition vulgaire et sans subtilité.
  • Faits notoires : Cléon est prêt à tout pour se faire accepter par les nobles, au prix de son intégrité.

Adraste

  • Identité : L’hypocrite religieux.
  • Position : Dénonce la fausse piété et l’exploitation de la religion.
  • Faits notoires : Adraste feint la vertu pour s’enrichir ou obtenir des faveurs.